Rendre l’Eglise + attirante

Cette page est destinée aux seuls occidentaux,

la situation des Eglises Catholiques locales différant selon les continents.

Chers frères et sœurs, je continue à rêver d’une Église entièrement missionnaire et d’un nouveau printemps missionnaire des communautés chrétiennes. Et je répète le souhait de Moïse pour le peuple de Dieu en chemin : « Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes !  » (François, 6, janvier 2022)

L’Histoire de l’Eglise n’a cessé d’être une succession d’automnes, d’hivers et de printemps. Aujourd’hui, l’hiver s’est installé sur l’Europe. Le Pape François a répondu à l’aspiration de beaucoup en lançant le Synode sur la Synodalité, (des mots issus du grec « marcher ensemble ») avec un triple objectif : amplifier la communion, la participation de tous et l’esprit missionnaire. Chez certains, cette démarche suscite la crainte que l’Eglise ne perde son âme en suivant les goûts du jour (les nostalgiques d’avant Vatican II)? Chez une majorité, au contraire, elle réveille l’espoir qu’une plus grande participation des fidèles à la conduite des diocèses et des paroisses la rende plus attirante et plus efficace, notamment en matière d’évangélisation. Sur quoi doit déboucher cette réflexion communautaire ? Sur la crispation sur des modalités définies lors de siècles passés, sur des affrontements destructeurs, ou sur une adaptation de la manière de faire dans le respect de la doctrine et des fonctions spécifiques pour davantage d’évangile ?

Une interview sur Radio Notre Dame pour découvrir l’essentiel

De siècles en siècles, l’Eglise a connu de nombreuses rénovations successives. Leur objectif était que l’Église se purifie et « donne envie » de la rejoindre, comme à ses débuts. C’est devenu une urgence. Des foules l’ont quittée et le rapport Sauvé sur les abus sexuels a encore amplifié cette hémorragie. Certes, certains sont partis sous l’effet du relativisme et du matérialisme ambiants. Mais beaucoup ont été rebutés par ses dysfonctionnements, ses carences, ses déviances.  Repentance, Compassion, Indemnisation, Prévention sont indispensables mais ne changeront rien aux causes de la désertification. Pour donner envie de revenir aux foules, il faut en plus « rénover » l’Église par plus de synodalité dans le fonctionnement des diocèses et des paroisses, par une formation faisant davantage appel à l’autoformation, par une meilleure préparation au témoignage, par une actualisation du langage, etc.

Cette rénovation doit et peut se faire dans le respect de la doctrine et des fonctions.  Mais le chemin est semé d’embuches. C’est la raison de mon nouveau livre : « Tous ces Catholiques qui ont déserté l’Église, Comment leur « donner envie » de Revenir ? » (L’Harmattan, septembre 2021, 176 pages, 18, 5 €) 

        Les lignes suivantes en sont extraites. Elles trouvent naturellement leur place dans ce site destiné à une meilleure communication de la part des catholiques, prêtres mais aussi laïcs (la forme étant au service du fond comme le chandelier aide la lumière à éclairer davantage).

Attention ! Ces extraits ne constituent qu’un cinquième du livre, une sorte d’introduction, le contrat avec l’éditeur ne permettant pas davantage. Il vous restera les 4/5èmes les plus importants à découvrir !

https://www.youtube.com/watch?v=VdHjdegad8k

L’ampleur de la désertification en France

 La proportion de ceux qui se disent catholiques a chuté de 69 % en 2002 à 56 % en 2013, mais si on considère les jeunes actifs, moins de 25 % déclarent adhérer au catholicisme [1].

 La participation aux messes dominicales qui était en moyenne de 45 % des adultes en 1960, s’est effondrée à 4 %. Quatre-vingt-seize % de ceux qui se disent catholiques n’y vont plus, faute d’y trouver une nourriture spirituelle incitative.

 Le taux des baptêmes rapporté aux naissances a diminué de 93 % en 1960, à 32 % en 2013 (avec seulement 11 % des baptisés qui se font confirmer).

 Le clergé diocésain s’est réduit de 50 000 prêtres autochtones, dans ma jeunesse, vers 1950, à moins de 5 000 actuellement (âgés de moins de 75 ans). Cet effectif est heureusement renforcé par de nombreux prêtres retraités qui restent toujours actifs et par 2 000 prêtres venus de pays étrangers (parmi ces derniers, la moitié provient d’Afrique) auxquels s’ajoutent des étudiants étrangers.

 Le nombre d’ordinands diocésains autochtones s’est effondré de plus de 500 par an en 1960 à moins de 100 (si on ne retient pas les étrangers et une trentaine destinée aux ordres religieux). Le taux de remplacement est d’un seul prêtre ordonné pour 8 qui disparaissent.

 Le catéchisme n’est plus enseigné dans de nombreux villages de France et est considéré comme un objectif de second rang dans trop d’établissements catholiques sous contrat.

Un catholique peut-il rester insensible au fait qu’en France, le sel se soit tellement affadi que moins de 4 % des catholiques continuent à fréquenter les églises (la proportion est très inférieure chez les jeunes) ? Indifférent lorsque les pasteurs ne sont plus écoutés alors que tant de personnes sont en recherche de repères ? Passif quand les projections à partir des effectifs des séminaires ne prévoient dans une décennie que 2 200 prêtres pour toute la France, soit un pour 30 000 français [2] ?

 La barque coule. Le Christ ne serait-Il plus avec son Église ou attend-Il qu’elle la redresse au lieu de se contenter d’écoper ?

Lorsqu’en 2019, une partie de la cathédrale de Paris s’écroula dans les flammes, l’archevêque écrivit : Nous sentons bien que nous n’aurons pas seulement à rebâtir notre cathédrale mais à reconstruire aussi notre Église dont le visage est si blessé. Peu après, le quotidien catholique La Croix ouvrit une enquête sur les sentiments de ses lecteurs, sous le titre « Réparons l’Église ». Le déluge de cris de souffrance et de tristesse [3] qu’elle recueillit en est une exceptionnelle photographie (voir ci-dessous).

Les quatre raisons de cet essai

Quatre raisons, quatre urgences…

  D’abord l’urgence d’ouvrir les yeux de ceux qui, parmi les jeunes, n’ont pas connu cette évolution et n’ont donc pas conscience de la gravité du décrochage.

Ensuite celle de faire comprendre les raisons profondes qui ont abouti à ce que l’Église donne à beaucoup « l’envie » de la quitter, sans s’arrêter à quelques sujets hautement médiatisés (le mariage des prêtres ou la cléricalisation des femmes) ou les rites et en levant les ambigüités qui conduisent à des discussion stériles (Non ! lorsque des laïcs demandent à être informés et à participer aux décisions de leur paroisse, ce n’est pas pour prendre la place de leur curé !).

Puis l’urgence que chacune des trois composantes de l’Église, la Hiérarchie, les clercs et les laïcs, prenne conscience de sa part de responsabilité, chacune ayant trop tendance à ne voir que celles des autres.

Enfin l’urgence d’attirer l’attention sur des causes profondes qui, en dépit de leur rôle dans la désertification, ont peu de raisons d’être étudiées lors du prochain synode sur la synodalité. L’une d’elles est la sous-formation des catholiques qui joue un rôle majeur dans les décrochages et qui découle des choix de l’Institution. L’expérience acquise lors de mes contributions à des réformes de l’enseignement médical me permet d’affirmer l’importance des structures et des choix d’objectifs. Des changements radicaux étant particulièrement urgents, ma connaissance de ce qui marche dans d’autres éducations et dans d’autres religions me permet de proposer des pistes généralement négligées jusqu’à présent chez les catholiques.

Les questions soulevées

Contrairement aux nombreux livres qui ont suivi la publication de l’enquête « Réparons l’Église », celui-ci n’apporte pas tant des solutions, qu’une méthode : au lieu d’essayer d’améliorer ce qui marche, elle consiste à analyser les dysfonctionnements et carences susceptibles d’avoir eu un effet « repoussoir », à en explorer les causes et à déterrer les racines de ces causes, pour les corriger une à une.

Mon expérience fut acquise au cours de quatre décennies de chirurgien-enseignant et d’une cinquième à la direction d’un service d’entrainement à la communication orale pour les prédicateurs afin que leurs homélies soient davantage écoutées, comprises et fructueuses. Durant ma carrière hospitalo-universitaire, j’ai côtoyé six milieux : des bourgeois catholiques par tradition dont beaucoup exerçaient des métiers à responsabilité, des universitaires majoritairement athées, des médecins souvent agnostiques, des malades, des soignants et des étudiants en recherche de sens. J’ai ensuite rencontré de nombreux clercs et des évêques, y compris au Vatican.

Dans ce livre, j’ai choisi de commencer par rapporter les dysfonctionnements que j’ai observés (chapitre 1) pour mieux faire comprendre leur nature, éviter les interprétations erronées et montrer qu’il n’était pas besoin d’être prophète pour en prévoir les conséquences. Le chapitre 2 creuse leurs racines. J’analyserai ensuite ce qui est de la responsabilité de l’Institution (chapitre 3), des clercs (chapitre 4) et des laïcs (chapitre 5), non pour sombrer dans les autocritiques stériles mais pour lister ce qui peut et doit être amélioré.

Comme un arbre qui se meurt…

Comment « redonner envie » de revenir à l’Église à ceux qui l’ont quittée ? Comment lui reconstruire une image attirante, inspirante, « agglutinante », comme celle des premières communautés chrétiennes ? La première étape consiste à lister les causes de décrochage les plus visibles – sans tabou – et à en étudier les causes, puis les causes de ces causes. Comme pour un arbre qui dépérit, on inspecte le feuillage, les branches, le tronc et jusqu’aux racines.

Comment redonner envie ? En intensifiant nos prières et nos actions généreuses, disent la plupart des évêques. Cependant cela fait près d’un siècle qu’ils le répètent et que des générations s’y sont efforcées : cela a-t-il arrêté les décrochages ? Alors pourquoi cela suffirait-t-il aujourd’hui ? Est-ce que cela résoudrait cette perte de confiance en l’Église dirigeante et cette fracture qui sépare profondément la hiérarchie et les clercs d’une grande partie des baptisés ? Qu’est-ce que cela changerait aux effets de tous ces dysfonctionnements que j’ai observés, qui se retrouvent dans l’Histoire à l’origine des grands décrochages et qui ont explosé, en 2019, dans les réponses à l’enquête « Réparons l’Église » ? Qu’est-ce que cela changerait à une gouvernance ressentie comme autarcique et autiste, à l’insuffisance de formation à tous les niveaux, à la perte de l’esprit missionnaire, au maintien des laïcs dans un statut de mineurs, à un langage devenu incompréhensible pour beaucoup ?

Les laïcs entre éloignement et rénovation

Les 5 000 réponses des lecteurs de La Croix ont offert un « pris sur le vif » sans les lissages habituels par l’Institution. Que révèlent-elles ? En voici quelques-unes parmi les plus significatives.

Beaucoup n’ont plus confiance dans le clergé

  • On ne sait même plus d’où vient la vérité, ça fait douter de tout. Vu que c’est eux qui nous disent les choses vraies, les choses fausses et qu’à l’intérieur, ils sont totalement hypocrites, on ne sait plus où on en est.
  • Difficile notamment de comprendre une église qui met hors la loi des divorcés remariés, mais qui laisse des criminels consacrer l’Hostie refusée à ces divorcés.
  • J’ai de moins en moins confiance dans les évêques ; je ne donne plus au denier et je n’ai plus envie de m’engager.
  • L’évêque décide de tout, seul, sans tenir compte des fidèles engagés… qui s’en détournent…
  • Quand je parle à des prêtres de ma génération, je suis effaré de constater leur manque de culture sur toutes les questions relevant de la foi…
  • Mon regard vis-à-vis de prêtres, souvent jeunes, plus clercs que les clercs, ne s’est pas bonifié. Chez eux, le cléricalisme et le pouvoir semblent être leur raison d’être. Malgré les événements, ils conservent les mêmes réflexes.
  • Globalement, la parole des prêtres et surtout des évêques est inaudible. Inaudible sur le fond car en décalage avec les attentes de la population. Inaudible sur la forme également.

Les causes profondes sont évidentes

  • Le problème n’est pas que quelques hommes ont des comportements coupables, mais bien que l’organisation de l’Église génère ces abus.
  • Ce qui scandalise les pauvres et parfois les fait douter, c’est la froideur, le manque de fraternité de nos communautés.
  • Depuis quelques années, les jeunes prêtres de moins de 40 ans ont adopté une attitude qui me remplit de tristesse : dans ma paroisse, ils ont imposé leur vision que je trouve étriquée et rétrograde de leur ministère en reléguant les laïcs les plus expérimentés à des tâches subalternes.
  • Le « prêchi-prêcha » de curé revient à la mode: une langue de bois qui ne sadresse pas au cœur des gens, qui ne sintéresse pas à leurs problèmes. Les discours sont formatés, les termes et les formules employés sont inaccessibles au grand public, mis à part les catholiques spécialisés dans cette rhétorique. On reste dans l’entre-soi. Quelle évangélisation dans ces conditions ?
  • Cette crise met gravement en évidence un décalage insupportable entre le discours normatif sur les mœurs et des pratiques qui sont à l’opposé de ce discours. L’Église ne peut détenir la vérité absolue en matière de morale ou de comportement. Elle doit éclairer mais sans dicter tel ou tel comportement en respectant la liberté de conscience et d’action de chacun.
  • Le statut de la femme est l’un des combats du monde contemporain sur tous les continents. Ne pas évoluer sur ce point dans notre Église, c’est déjà se placer en position de non-dialogue. 

Il faut en traiter les racines

  • Il ne s’agit pas de repriser. Il s’agit que chacun se remette en question, curés, paroissiens, Pape, évêques, religieuses et religieux… Tous et chacun réparons les chrétiens, guérissons-les de l’infantilisme, de la magie, de la soumission dans laquelle l’Église a pu les enfermer, pour leur permettre de vivre leur dignité d’humains.
  • Rendre plus simple et avec plus de proximité nos relations avec nos curés: comme des hommes, ne pas leur donner forcément une importance trop sacralisée, les intégrer.
  • Il s’agit moins de changer les structures elles-mêmes que des mentalités de ceux qui les gouvernent.  
  • Apprenez à faire confiance aux laïcs, à consulter davantage, à ne plus considérer les fidèles comme des brebis qui doivent tout apprendre et n’ont rien à apporter. Apprenez à travailler de manière plus collégiale (en prenant des décisions à la manière de ce qui se fait dans les monastères), à ne plus décider seuls.
  • Le fossé entre un évêque et ses fidèles est contraire à ce que nous devrions vivre en Église. Il est urgent que l’évêque reprenne son bâton de pèlerin et aille à l’écoute de ses fidèles.
  • Il faut une meilleure formation des laïcs. Que des temps de formation et de récollection soient proposés, et pas uniquement dans les évêchés et les grandes villes.

Certains travaillent à cette rénovation

  • Depuis le début de l’année nous avons (nous sommes un groupe de chrétiens qui réfléchissons sur Gaudete et exsultate), mis en route un café-rencontre avant la messe, le premier dimanche de chaque mois, pour créer du lien entre nous chrétiens, mettre un nom sur les visages des personnes qui participent comme nous aux célébrations et que nous ne connaissons pas.
  • Je peux prier et jeûner pour mener le combat sur le plan spirituel, comme notre Pape nous y a invités. Je le fais déjà. Je peux aussi me disposer à être « veilleuse », une oreille attentive à l’expression des souffrances de ceux qui sont ou ont été ou sont encore victimes de ces abus de pouvoir multiples dans l’Église, mais aussi de la souffrance de certains prêtres…
  • Avoir un regard bienveillant vis-à-vis de l’Église, du moins des prêtres et responsables laïcs. Ils sont choqués, c’est sûr. Et je veux bien les aider à rebâtir une Église rénovée, dans le respect des différences de chacun, sans exclure les parias d’avant (divorcés…).
  • Ma préoccupation principale c’est que les laïcs aient leur place sans être « soumis » à une autorité ecclésiale et sans être considérés comme des « sous-croyants »… donc je continue à m’engager au sein de ma paroisse avec autonomie et responsabilité.

D’autres quittent l’Église

  • Il faut qu’elle disparaisse pour qu’enfin puisse naître une nouvelle forme saine, fraternelle, féminine et solidaire.
  • Je n’ai plus envie d’aller à la messe, je suis pourtant catholique pratiquante depuis toujours.
  • Je pense m’orienter vers le protestantisme. Pas de hiérarchie donc moins de risque de « jeu » de pouvoir. De plus, les pasteurs peuvent être des femmes. Ils ou elles peuvent se marier, ce qui me semble juste à notre époque. Peut-être même que ça limite le risque de pédocriminalité.

D’autres ont confiance en sa capacité de réforme

  • Merci au Pape François d’avoir depuis son élection eu des paroles fortes tant sur l’organisation de l’Église, les scandales, l’état Vatican, notre terre, notre responsabilité de chrétien.
  • Il semble que soit venu le temps de réunir un nouveau concile,[] un concile dont la composition de l’assemblée exprime la volonté de rompre avec le passé. 

Bien sûr qu’il faut prier mais le Christ ne nous a-t-il pas demandé aussi de prendre nos bâtons de pèlerins pour répandre sa bonne nouvelle ?

Les grandes causes de décrochages

Essayons de les regrouper par grandes catégories : la gouvernance autarcique, l’insuffisance de formation à tous les niveaux, l’oubli du rôle des laïcs dans l’évangélisation, le maintien des laïcs dans un statut mineur, le décalage du langage.

A – La gouvernance autarcique

Si les décisions proprement doctrinales relèvent du Pape et des évêques, il n’en est pas de même des décisions d’application pratique sur le terrain aux niveaux diocésain ou paroissial. Or que voit-on ?

– des conseils paroissiaux et diocésains nommés et fonctionnant le plus souvent selon le principe du secret, n’établissant pas de lien avec les paroissiens,

– l’absence de consultation des fidèles sur les actions de la paroisse,

– le rejet des propositions non sollicitées sans étude ni discussion pour en comprendre les motivations,

– la marginalisation de ceux qui pensent différemment, etc.

Ce mode de fonctionnement a eu et continue d’avoir de nombreuses conséquences négatives :

– décisions inappropriées,

– problèmes non pris en compte,

– démobilisation des actifs,

– désintérêt des foules,

– réduction d’efficacité.

L’absence de connaissances des grands principes d’efficacité comme l’intérêt des objectifs précis et des évaluations pour diriger les décisions est à l’origine de décisions arbitraires et inappropriées aux besoins et aux temps actuels.

La plupart des évêques en ces domaines n’ont aucune connaissance managériale. La sainteté (critère de choix premier selon le directeur de la Congrégation des Évêques) c’est bien sûr essentiel, mais gérer et dynamiser un diocèse nécessite aussi des compétences professionnelles particulières.

B – L’insuffisance de formation à tous les niveaux 

1° Le manque de formation des séminaristes à l’accompagnement des initiatives des fidèles

Dans leur formation, l’exercice de la pratique [4] est laissé au hasard sans guide précis et l’état d’esprit est bien davantage celui de l’autorité que de la coopération avec les fidèles. La pratique est supposée s’acquérir au contact des curés auprès desquels, ils sont envoyés en stage durant l’année diaconale, mais la plupart de ceux-ci ne transmettent que leur état d’esprit. Ainsi se pérennise une vision profondément basée sur la dichotomie des rôles.

Il en résulte que les nouveaux prêtres continueront de se considérer seuls détenteurs du pouvoir décisionnel et agiront sans guide objectif, ce qui a souvent eu des effets dévastateurs dans les paroisses.

2° La sous-formation des laïcs en termes de connaissances

Elle porte sur…

– les connaissances doctrinales avec notamment la distinction entre l’essentiel et les ajouts contextuels,

– la connaissance des autres religions et courants d’opinion, avec leurs différences d’avec la foi catholique.

Les méfaits sont nombreux :

– fragilité devant les épreuves, les ricanements et attaques, et les propositions faites par d’autres religions ou systèmes de pensée,

– inaptitude à transmettre la foi aussi bien en famille qu’en milieu professionnel,

– incapacité à comprendre les pensées et les raisons des autres,

– transmission dans les milieux extérieurs, d’une image de l’Église bâtissant sur la naïveté des moins éduqués et tournant le dos à la raison.

Cette insuffisante préoccupation pour la formation des laïcs se traduit dans les faits par une multitude de pratiques qui sont autant de pertes de chances :

– nombre d’homélies, inaudibles ou répétitives et de niveau basique, sont jugées inintéressantes, voire infantilisantes,

– les histoires bibliques à portée symbolique présentées « comme si » elles étaient réellement arrivées [5], génèrent une suspicion globale sur le reste,

– les laïcs sont rarement incités à consacrer du temps à leur formation,

– les clercs ne proposent que des formation passives et n’incitent pas à l’autoformation,

– les thèmes retenus sont souvent déconnectés des attentes parce que choisis sans tenir compte des besoins réels,

– l’intérêt du travail en ateliers interactifs est ignoré,

– l’absence d’évaluations entraine l’ignorance de l’impact nourricier des enseignements, et l’impossibilité de corrections,

– les sachants laïcs sont sous-utilisés,

– il n’est pas proposé de références formatives pour guider les lectures personnelles,

– les paroisses ne prévoient pas de salles d’étude dédiées,

– il est difficile de trouver un interlocuteur formé pour répondre à des questions.

Ces insuffisances résultent du fait que l’Église n’a pas suffisamment pris conscience…

– de l’extraordinaire élévation du niveau de connaissances profanes et de l’augmentation des professions à responsabilités décisionnelles, qui rendent rédhibitoires les idées imposées sans explications suffisantes,

– de la propulsion massive des autres convictions dans le contexte de mondialisation, de brassages croissants des populations et de généralisation de l’information,

– de la nécessité de mettre en place des stratégies diversifiées et spécifiques pour chacune des strates de populations,

– du fait que les discours de niveau primaire génèrent chez les personnes ayant un niveau culturel élevé ou un haut niveau de responsabilité, des allergies et des sentiments « d’obscurantisme » : ils sont ressentis comme la manifestation d’un sous-développement intellectuel des orateurs ou comme la volonté d’infantiliser les récepteurs. Or ce sont ces élites qui créent les grands courants d’opinion.

3° l’absence de formation aux techniques de discussion privées ou en groupe

Faute d’être formés aux discussions tant individuelles qu’en groupe, les catholiques ne connaissent que l’affrontement. Cela vaut aussi bien dans les rapports avec les proches, qu’entre catholiques et que dans les rencontres avec les adeptes d’autres religions ou courants d’opinions. Discuter de manière productive, cela s’apprend !

C – L’oubli du rôle des laïcs dans l’évangélisation

Les textes ecclésiaux centrant tout sur les prêtres et leurs choix, méconnaissent l’importance de ce que François nomme « l’évangélisation informelle » (EG, 27).

Il s’en suit que :

– les parents et grands-parents ne reçoivent ni information ni entrainement aux règles du témoignage, comme l’importance de l’écoute initiale, de l’expression de l’empathie, de faire « découvrir » au lieu d’apporter une réponse bien huilée, d’ajuster le propos aux réactions en s’arrêtant au premier signe de désintérêt ;

– les laïcs ne sont incités ni à guetter les occasions favorables, ni à témoigner avec tact et douceur ;

– il n’est pas organisé de soutien sous forme de rencontres pour partager les difficultés et les succès de chacun.

En l’absence de telles aides, on improvise, ce qui, en tout, est peu efficace, quand ce n’est pas contre-productif…

D – Le maintien des laïcs dans un statut de mineurs irresponsables

De l’infantilisation ambiante et de l’impression que la pensée n’est permise qu’aux clercs (ne perdez pas de temps à réfléchir. Nous le faisons pour vous), il ressort un sentiment d’étouffement de la pensée qui fait fuir tous ceux qui réfléchissent ou qui exercent des responsabilités, professionnelles ou politiques. Or ce sont eux, répétons-le qui génèrent les courants de pensée, les lois, les modes de vie de chaque époque.

Cette infantilisation se traduit par une multitude de dysfonctionnements.

1° La priorité donnée aux règles plutôt qu’au sens

Au XIXe siècle, les rapports sexuels des couples étaient proscrits en dehors du désir de procréation. Les intrusions des confesseurs dans la vie sexuelle des couples mariés ont fait fuir des générations de catholiques-engagés. Dans mon enfance les questions indiscrètes d’un prêtre m’ont d’autant plus choqué que dans mon environnement un grand prédicateur usait de l’appartement d’une parente pour ses ébats et que j’avais été victime d’approches de la part d’un autre prêtre.

Les règles édictées au XIXe siècle que l’on peut lire dans le Denzinger [6] n’ont jamais été révisées.

L’Encyclique Humanae Vitae [7] a largement amplifié les décrochages dans ma jeunesse. L’assimilation de l’usage de la contraception à un avortement a fait que le taux des femmes se confessant fréquemment tomba de 23 % à 1 % [8]. Nous y reviendrons plus loin. À noter que rien n’y donnait le sens des rapports charnels dans l’amour des couples mariés devant Dieu.

2° La sous-utilisation des compétences

« J’ai proposé mes services, mais on m’a fait comprendre… ». Cette attitude très répandue décourage et démotive autant qu’elle diminue l’efficacité missionnaire des paroisses.

3° L’organisation de débats « devant » mais pas « avec »

Les questions écrites édulcorées ou déformées par le modérateur augmentent cette impression d’être considérés comme un sous-peuple.

4° Des paroisses non-attractives

L’enquête est révélatrice : « Ils sont entre eux », « Ça sent le renfermé, la bigoterie, les bonnes œuvres. ». C’est le tango dénoncé par le Pape [9] !

Mettons-nous dans la peau d’un catholique peu fervent (Jésus n’est pas venu que pour les bien-portants !) : il va au supermarché parce qu’il a besoin de se nourrir, au cinéma et au bistrot parce qu’il a envie de se distraire, mais qu’est-ce qui peut lui donner « envie » d’aller à l’église, en dehors de la prière ? Les paroisses organisent des aides sociales diverses pour les SDF ou les pauvres mais bien peu de soirées sont dédiées aux problèmes des uns ou des autres ou aux réunions d’amitié.

5° La rareté de rencontres avec les autres chrétiens ou les adeptes des autres religions.

Imagine-t-on le Christ ne pas aller dialoguer avec les musulmans, les hédonistes, les francs-maçons, comme il l’a fait avec les pharisiens, les saducéens et les scribes ?

6° La rareté des cercles de réflexion catholique inter-catégoriels

Si ce n’est pas à l’Église de les organiser ou de les diriger, elle devrait en montrer l’utilité au lieu de les décourager comme j’en fus témoin. Leur absence a de nombreux effets délétères :

– les rares cercles de réflexion catholiques sont catégoriels, donc générateurs d’affrontements (ouvriers/patrons, droite/gauche, citadins/campagnards…) ;

– les propositions catholiques, leur diffusion et leur capacité à entraîner des adhésions sont infimes face à celles de la franc-maçonnerie omniprésente en France dans la plupart des milieux professionnels ;

– une autre conséquence est l’inhabileté fréquente des catholiques dans les discussions publiques de toutes sortes.

7° L’absence des catholiques des lieux d’élaboration des réformes sociétales

Il en résulte l’indifférence avec laquelle l’opinion accueille les avis de la hiérarchie, par exemple sur la bioéthique ou les excès de la théorie du genre, et la difficulté des catholiques à formuler une réponse crédible. Caricaturalement, l’Église renouvelle l’erreur du XIXe siècle, où devant la misère ouvrière, elle a multiplié les œuvres caritatives et de piété et laissé les autres (souvent anticléricaux) travailler aux indispensables réformes.

Beaucoup d’athées en retirent l’impression que dans les problèmes sociétaux, l’Église privilégie une obéissance doctrinale aveugle plutôt que la réflexion sur les besoins humains. Comment voudriez-vous que l’Église attire ceux-qui-réfléchissent ?

8° La quasi-absence des laïcs dans la communication publique

Tout se passe comme si seuls les évêques avaient le droit de s’exprimer, y compris dans les journaux confessionnels, sur des domaines où ils sont parfois moins compétents que des laïcs.

L’aspect donné à « ceux du dehors » est que les catholiques sont intellectuellement des « mineurs ».

E – Le langage non-ajusté au temps

Lorsqu’on veut transmettre un message d’importance exceptionnelle, la première condition est de parler clairement. Qu’on n’objecte pas la complexité de la doctrine ou l’hermétisme de certains discours de Jésus. Il ne s’agit pas ici des finesses théologiques mais du message courant. Quant au langage symbolique de Jésus (la destruction du temple rebâti en trois jours) ou aux paraboles, ils avaient toujours un objectif précis : une compréhension ultérieure dans le premier cas et l’incitation à la réflexion dans le second. En dehors de ces procédés pédagogiques, Jésus utilisait les mots de son temps avec la signification que chacun connaissait. Ce n’est souvent plus le cas de l’Église de nos jours.

Or elle a souvent actualisé son langage. Récemment elle n’a pas hésité à réviser la traduction de la prière enseignée par le Christ lui-même en traduisant le « ne nos inducas in tentationem » par « ne nous laisse pas entrer en tentation ». Ne serait-il pas urgent de le faire pour tout ce qui n’est plus compréhensible par les gens des rues [10] ? Ce qu’a écrit François au sujet du langage des homélies (Le plus grand risque pour un prédicateur est de s’habituer à son propre langage et de penser que tous les autres l’utilisent et le comprennent spontanément [11] ne vaut-il pas autant pour les mots qui ont changé de sens ainsi que pour les concepts qui furent exprimés en fonction des connaissances d’époques anciennes, des connaissances largement bouleversées depuis ?

L’objectif n’est pas de modifier le sens profond des mots et des concepts, mais de trouver la manière actuelle de les exprimer pour les rendre accessibles aujourd’hui.

Certains mots nous sont familiers mais nous aurions bien du mal à en expliciter le sens pour nous-même ou pour un néophyte. Par exemple l’expression « les cieux » du Notre Père, issue du temps où ils représentaient à la fois l’inaccessible et l’ordre, et devenue sujet de plaisanterie des premiers astronautes, mériterait une traduction exprimant l’omniprésence, la toute-puissance et la distance avec notre finitude.

Il en est de même de certains concepts comme le dogme du péché originel exprimé initialement avec la croyance du temps en la vérité historique d’Adam et avant les apports des sciences de la psyché [12]. Bien des catholiques l’ont rangé dans les reliquats des temps d’ignorance ou n’y voient qu’une formule de saint Paul pour illustrer le salut apporté par le Christ. Une traduction actualisée permettrait d’en retrouver le sens théologique.

De telles actualisations, non du sens profond, mais de la manière de l’exprimer avec les connaissances et les mots de notre temps, s’inscriraient utilement dans la suite des travaux de la Commission Biblique Pontificale.

F – Sans oublier les autres causes

Les inévitables déviances diverses

– Abus sexuels commis par une minorité de clercs, notamment parmi ceux qui exercent une grande influence spirituelle,

– exploitation d’une main d’œuvre gratuite et qui ne discute pas,

– emprises psychologiques et manipulations diverses relativement fréquentes.

L’éloignement des femmes des responsabilités organisationnelles et pastorales

– L’exclusion des filles du service de l’autel illustre une attitude générale ;

– les femmes, à de rares exceptions près, sont interdites d’homélies, y compris les religieuses et les théologiennes ;

– le plus souvent, elles sont exploitées comme une main d’œuvre corvéable mais sans droit d’expression.

Ces failles ont entrainé une perte de confiance généralisée envers la hiérarchie catholique puis le décrochage d’une foule de laïcs. Certes bien d’autres causes indépendantes – l’air du temps – ont eu une influence plus ou moins importante et parfois prépondérante, ne serait-ce qu’en entrainant un repli des chrétiens dans des attitudes défensives qui elles-mêmes ont aggravé les failles. Il faut en tenir compte dans la manière de conduire les actions correctrices, mais l’essentiel reste le traitement de ces failles qui dépendent de nous. Car ce sont elles, et non « l’air du temps », qui ont discrédité l’Église actuelle aux yeux de nombreux catholiques et qui les ont amenés à se demander si elle est bien restée dans la ligne voulue par le Christ. Le nombre des fidèles diminuant, comment s’étonner que les vocations se soient effondrées ?

Nous avons assimilé ces grandes causes au feuillage d’un arbre et les causes de ces causes aux branches qui les portent. Poursuivons la comparaison en analysant le tronc porteur de toutes ces causes, puis ses racines.

La Fracture clercs/laïcs, tronc commun de toutes les causes

Cette fracture entre l’Institution et les clercs d’une part, et les laïcs d’autre part, nous l’avons retrouvée à l’origine de chaque dysfonctionnement.

Qu’avons-nous fait de la dernière prière du Christ avant son sacrifice volontaire : Qu’ils soient un comme nous sommes Un [13]. Qui est concerné par cette prière ?

Évitons les contre-vérités stériles. Aspirer à son éradication, ce n’est remettre en cause ni l’unicité du Corps Mystique du Christ, le Peuple de Dieu, ni la suprématie de Pierre et de ses successeurs, ni le rôle particulier des évêques et des prêtres, tels qu’établis au cours de deux millénaires.

Partons des trois missions du prêtre, les « tria munera » (munera docendi, regendi et sanctificandi) que l’on traduit habituellement par « enseigner, gérer et sanctifier ». Sont-elles exclusives ?

Sanctificandi – La célébration de l’eucharistie et l’administration des sacrements ne relèvent à l’évidence que des clercs ordonnés de tous grades. Toutefois il est admis que le baptême puisse être administré en cas d’urgence par un laïc et que le sacrement du mariage puisse être célébré par un laïc en l’absence de prêtre ou de diacre disponibles.

Docendi – Il faut distinguer entre la définition de ce qui est enseigné et la transmission de cet enseignement.

• Concernant la définition du contenu enseigné, l’autorité du Pape en matière de doctrine et de recommandations morales est incontestée. Il n’en est pas de même lorsque le Pape sort de ces domaines, comme le confirment les innombrables retournements. Sans remonter aux deux siècles de variations sur l’héliocentrisme, chacun connait les inversions de positions sur des thèmes très variés : la doctrine sociale entre les encycliques Mirari Vos (1833) et Rerum Novarum (1893) ; la prise en compte de la vérité historique dans l’étude et la présentation des événements de l’ancien testament ; la lecture de la Bible (interdite jusqu’au début du XXe siècle et fortement conseillée à la fin du même siècle) ; le regard sur les juifs avant et après la Shoah… Il y a donc lieu de distinguer selon qu’il s’agit de doctrine fondamentale ou d’application concrète.

• Quant à la transmission, si les laïcs n’y avaient largement contribué, la foi ne se serait jamais développée aussi rapidement autour de la méditerranée durant les trois premiers siècles, et en extrême orient durant les trois derniers siècles, malgré le faible nombre ou l’absence de prêtres. Limiter l’évangélisation aux seules initiatives des clercs serait simplement la bâillonner.

Le choix du mot « enseignement » tel qu’il est compris actuellement peut conduire à une vision restrictive datant d’une époque où le monde était chrétien et le clergé pléthorique. La France étant devenue terre de mission, il faut lui ajouter le sens « annonce » qui décrit mieux la mission donnée par le Christ à la fin de sa vie terrestre et l’action des apôtres après la réception de l’Esprit-Saint.

Regendi – C’est bien là que les interprétations divergent le plus.

S’agit-il d’une gouvernance qui doit gérer tout jusqu’au moindre détail, ou d’un rôle de guide, celui qui consiste à donner la direction en déléguant, en accompagnant les initiatives et en les provoquant en fonction des positions et des compétences ? Est-ce bien la mission des évêques de tout diriger seuls, sans consultations et en toute opacité ? Les curés sont-ils conformes à leur mission lorsqu’ils décident solitairement ce qui se fait et tout ce qui ne se fait pas dans leurs paroisses, éventuellement en interdisant tout ce qui a été mis en place par leur prédécesseur ? La bonne gérance ne passe-telle pas par l’écoute, la concertation, la délégation, la stimulation et le contrôle des initiatives ?

Les rôles respectifs des prêtres et des laïcs, ainsi que leur articulation ont été précisés lors de Vatican II [14] :

– les prêtres… En chaque lieu où se trouve une communauté de fidèles, ils rendent, d’une certaine façon, présent l’évêque auquel ils sont associés d’un cœur confiant et généreux, assumant pour leur part ses charges et sa sollicitude, et les mettant en œuvre dans leur souci quotidien des fidèles.

– les laïcs… Ils sont appelés tout spécialement à assurer la présence et l’action de l’Église dans les lieux et les circonstances où elle ne peut devenir autrement que par eux, le sel de la terre.

L’articulation entre les deux : Les pasteurs […] doivent reconnaître et promouvoir la dignité et la responsabilité des laïcs dans l’Église ; ayant volontiers recours à la prudence de leurs conseils, leur remettant avec confiance des charges au service de l’Église, leur laissant la liberté et la marge d’action, stimulant même leur courage pour entreprendre de leur propre mouvement.

Un demi-siècle plus tard, François est revenu sur la manière de gouverner : un Pasteur conscient que son ministère découle uniquement de la miséricorde et du cœur de Dieu, ne prendra jamais une attitude autoritaire, comme si tout le monde était à ses pieds et la communauté sa propriété, son royaume personnel. Cette conscience que tout est don, tout est grâce, aide aussi le pasteur à ne pas tomber dans la tentation de se mettre au centre de l’attention et de n’avoir confiance qu’en lui-même. C’est à dire dans les tentations de la vanité, de l’orgueil, de la suffisance et de l’arrogance. Et d’ajouter : Gare à l’évêque, au prêtre ou au diacre qui croirait tout savoir, qui penserait avoir toujours la réponse juste pour chaque chose et n’avoir besoin de personne [15].

Aussi a-t-il conseillé à des séminaristes de se préparer dès maintenant pour devenir des prêtres des gens et pour les gens, et non pas des dominateurs du troupeau qui vous est confié, mais des serviteurs [16].

Certes il est plus facile de gérer seul mais chacun sait que c’est la meilleure manière de faire le vide autour de soi. L’évangélisation n’échappe pas aux règles générales. Lorsque des évêques et des prêtres (dont les homélies personnelles n’étaient pas toujours compréhensibles) s’indignaient que des laïcs proposent et animent des ateliers de communication orale pour prédicateurs était-ce conforme à leurs missions ? La réalité est qu’ils confondaient le fond qui est leur domaine réservé et la forme qui est mieux connue de laïcs compétents en cette matière. Lorsque des curés repoussent sans concertation des initiatives de leurs paroissiens tels que des groupes de réflexion ou d’évangélisation est-ce bien leur mission ? Ne se privent-ils pas seulement de collaborations efficaces. On pourrait multiplier les exemples.

Il n’est donc question, ici, ni de tout révolutionner, ni de prendre la place des évêques et des curés, ni de remplacer l’ordre par un parlementarisme cacophonique, ni de protestantiser, mais d’ajuster les missions de chacun pour une meilleure vie communautaire, une plus large participation à la mission et une plus fructueuse évangélisation. Remplaçons les caricatures volontaires et les maladresses par l’amour et la vérité.

Tels sont les objectifs du prochain synode sur la synodalité.

Puissions-nous associer le respect des fonctions et celui des compétences, l’unité de mission et la diversité des moyens, le message spirituel et les techniques humaines… Ce chemin n’est pas facile : il n’a pas dû être aisé à saint Paul et à saint Pierre de se mettre d’accord, mais c’est ce qui leur a permis, sous la conduite de l’Esprit Saint, de se répartir les terrains d’évangélisation.

Comprendre les racines de la Fracture

Nous avons vu son rôle de « tronc commun » à toutes les causes de décrochage ? Poursuivant l’image de l’arbre avec ses feuillages desséchés, les branches qui les portent, et le tronc d’où elles sont issues, arrivons aux racines. En voici une liste incomplète, issue de multiples discussions avec des laïcs engagés et des clercs de toutes fonctions, de divers pays et du Saint-Siège.

1° Le cléricalisme

C’est un des thèmes favoris de François : Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui [17].

L’état d’esprit des évêques qui les a conduits à privilégier la protection des prêtres fautifs plutôt que l’écoute de leurs victimes en fut une illustration dramatique. C’est le même « état d’esprit » qui pousse des prêtres à tout diriger seuls sans consulter les laïcs ou à ne s’entourer que de laïcs pensant comme eux.

2° L’inadaptation aux niveaux de connaissances et de prises de décision de beaucoup de laïcs

Deux raisons y ont contribué. Se préservant des tentations du monde, beaucoup d’ecclésiastiques n’ont pas appréhendé l’ampleur des changements dans ces deux domaines. D’autre part, les jeunes étant une cible prioritaire (comme pour tous les meneurs de tous les systèmes), il leur est souvent difficile de s’adresser différemment à des publics adultes, notamment à des cadres, des dirigeants d’entreprises ou des responsables politiques.

3° L’oubli des aggiornamentos successifs de l’Église

Le concile Vatican II en fourmille. François explicite [18] : Aujourd’hui, certains usages, très enracinés dans le cours de l’histoire, ne sont plus désormais interprétés de la même façon et leur message n’est pas habituellement perçu convenablement. Ils peuvent être beaux, cependant maintenant ils ne rendent pas le même service pour la transmission de l’Évangile. N’ayons pas peur de les revoir.

Il ajoute : De la même façon, il y a des normes ou des préceptes ecclésiaux qui peuvent avoir été très efficaces à d’autres époques, mais qui n’ont plus la même force éducative comme canaux de vie.

La confusion entre la Tradition et les traditions contextuelles

Un exemple caractéristique est l’éloignement des femmes tant des directions pastorales que de l’ambon. Oui, Jésus ne s’est pas entouré de femmes si ce n’est pour le servir. Mais à son époque, il était dans la norme contextuelle, même si l’Histoire nous a rapporté quelques exceptions. Cependant aujourd’hui, toutes les sociétés ont changé sur ce point et on commence à voir des femmes rabbins, imams ou pasteures dans les églises protestantes. Lorsqu’on est au pouvoir, on peut toujours tirer des textes des arguments pour ne rien changer mais l’honnêteté intellectuelle consiste à se demander si ce sont des vérités fondamentales ou les reliques de contextes passés.

Les regards sur la place des femmes dans la société ont considérablement changé en un siècle et demi [19] et des femmes sont volontiers élues à la tête d’États. Lorsqu’on voit des curés chasser les jeunes filles du service d’autel, beaucoup se demandent dans quel siècle ils vivent.

5° La méconnaissance des techniques d’efficience

La non-utilisation des objectifs et des évaluations en est un exemple caractéristique.

Cela amène notamment à une absence de progression dans des secteurs cruciaux pour la formation comme les homélies, ou le catéchisme.

6° L’absence de priorisation dans la doctrine et la morale

Nous avons décrit les dégâts provoqués à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, par l’intrusion des confesseurs dans la vie sexuelle des couples catholiques.

François rappelle (EG 43) que : Saint Thomas d’Aquin soulignait que les préceptes donnés par le Christ et par les Apôtres au Peuple de Dieu « sont très peu nombreux ». Citant saint Augustin, il notait qu’on doit exiger avec modération les préceptes ajoutés par l’Église postérieurement « pour ne pas alourdir la vie aux fidèles » et transformer notre religion en un esclavage, quand « la miséricorde de Dieu a voulu qu’elle fût libre ».

François conclut : Cet avertissement, fait il y a plusieurs siècles, a une terrible actualité. Il devrait être un des critères à considérer au moment de penser une réforme de l’Église et de sa prédication qui permette réellement de parvenir à tous.

7° L’écoute sélective

Cette pratique généralisée conduit les responsables à ne s’entourer que de personnes pensant comme eux et à ne pas examiner les motivations des propositions différentes ou des plaintes.

8° Le « on a toujours fait ainsi ».

Dans Evangelii Gaudium, François y est revenu plusieurs fois : la pastorale en terme missionnaire exige d’abandonner le confortable critère pastoral du « on a toujours fait ainsi » (EG 33).Il invite les prêtres à une grande souplesse : parfois il se mettra devant pour indiquer la route et soutenir l’espérance du peuple, d’autres fois il sera simplement au milieu de tous dans une proximité simple et miséricordieuse, et en certaines circonstances il devra marcher derrière le peuple, pour aider ceux qui sont restés en arrière. Pourquoi ? parce que le troupeau lui-même possède un odorat pour trouver de nouveaux chemins [20]

Il avait été précédé par Benoît XVI qui appelait à améliorer l’organisation pastorale, afin que, dans le respect des vocations et des rôles des consacrés et des laïcs, on encourage graduellement la co-responsabilité de l’ensemble de tous les membres du Peuple de Dieu. Cela exige un changement de mentalité particulièrement concernant les laïcs [afin de ne plus les considérer comme] « collaborateurs » du clergé, [mais de] les reconnaître réellement comme « coresponsables » de l’être et de l’agir de l’Église, en favorisant la consolidation d’un laïc mûr et engagé [21].

En bref les Papes nous invitent à changer des habitudes qui en un autre temps ont eu leurs raisons d’être. L’engagement des co-responsables sera toujours plus fort que celui d’exécutants qui n’ont pas été associés, à leur rang, à la définition de la mission et des moyens à mettre en œuvre. Tel est le sujet du prochain synode tout au moins en matière de coopération entre laïcs et clergé.

Mais n’oublions pas qu’il a fallu un siècle pour qu’après le Concile de Trente, soient démontés les jubés qui séparaient les prêtres des laïcs lors des offices.

        Viens Esprit Créateur !

Rénover implique un profond changement de « mentalité »

Face à l’abondance des causes de distanciation de tant de catholiques, on pourrait être tenté de faire confiance à quelques solutions-miracles alors que c’est l’arbre en entier qu’il faut traiter : feuillages, branches porteuses, tronc et racines. Aucune faille ne doit être négligée. Se focaliser sur quelques-unes serait inefficace à long terme. C’est pourtant ce qui risque de se produire.

J’en ai fait l’expérience avec un ministre de la Santé dont j’attirai l’attention sur un détail susceptible d’améliorer les résultats médicaux tout en générant des économies et dont l’utilité avait été démontrée dans plusieurs pays techniquement avancés : ayant par un rapide calcul constaté que ces dernières ne couvriraient qu’une infime partie du déficit, il rejeta cette proposition. Il n’avait pas compris que la réduction du coût des soins implique la mise en œuvre d’une multitude de petites mesures par tous, acteurs de santé et consommateurs. Il en est de même pour l’Église : si elle veut renouer la confiance entre laïcs et clercs et redonner envie de revenir à ceux qui l’ont quittée, il faut creuser chaque faille jusqu’aux racines.

A – Traiter chaque dysfonctionnement jusqu’au bout

Attardons-nous sur un exemple : la difficulté éprouvée par de très nombreux catholiques à transmettre leur foi ou à répondre de façon attractive aux questions de leurs jeunes ou à démonter des attaques d’amis contre le Christ, la foi et l’Église.

Pourquoi ces difficultés ? Il y a deux raisons. D’abord leur ignorance des fondements qui différencient notre foi des autres doctrines ; d’autre part, l’absence de formation à la discussion respectueuse et fructueuse avec nos prochains. J’en ai raconté les méfaits dans mon expérience personnelle avec les prosélytes communistes et on retrouve ces deux manques souvent dans l’histoire des effondrements successifs de la foi. Comment ne pas s’inquiéter de la solidité de la foi de ces ignorants ?

Celle d’un ami a vacillé après la lecture d’un livre de Prieur et Mordillat sur le Christ et l’Église [22]. En réponse à ses questions, les prêtres lui conseillèrent de prier. Or ce n’était pas son âme qui avait faim, mais sa raison. Sa paroisse, comme bien d’autres, n’offrait que des soirées de prière, des pèlerinages et des actions caritatives. D’autres amis se sont éloignés de l’Église après avoir lu des romans/interprétations historiques bien médiatisés sur Jésus ou Saint-Paul. Certains ont été ébranlés par un contact superficiel avec d’autre religions : soudain, les cérémonies de leurs paroisses leur semblèrent bien ternes, comparées aux grandes prières collectives du vendredi dans la rue autour d’une mosquée voisine ou de la ferveur des foules indiennes aperçues lors de voyages touristiques ; et les pèlerinages catholiques leur parurent bien moins enthousiasmants que ceux du Hadj ou du Kumbh Mela [23].

Ce n’est pas seulement de piété que ces catholiques ont besoin, mais aussi d’explications, de formation, d’approfondissement de la foi. Même à Paris, des amis m’ont fait part de leurs recherches désespérées : rien dans la bibliothèque paroissiale et leurs prêtres peu accessibles, faute de possibilité de rendez-vous programmés ; des cours, mais sans débats véritables au Collège des Bernardins ; n’importe quoi sur internet…

Pourquoi ne pas suivre l’exemple du judaïsme ? Les synagogues organisent des séances d’étude le samedi après-midi. Les Loubavitchs parsèment les villes de salles d’étude et de prière situées à moins de 15 minutes des lieux d’habitation ou de travail. Pourquoi n’organisons-nous pas l’identique à des moments bien choisis dans nos paroisses ? Si un prêtre ou un sachant était à disposition, la salle d’étude serait fréquentée par des quêteurs de Dieu, ne serait-ce que par des chômeurs et des retraités. J’ai constaté personnellement combien il est difficile de trouver un interlocuteur apte à répondre intelligemment à des questions précises.

Si on suit le fil de l’objectif « mieux former intellectuellement les catholiques », on arrive à de multiples actions : revoir l’organisation et l’évaluation du catéchisme pour la part de connaissances, repenser le choix et la présence d’acteurs disponibles pour des écoutes formatrices, inclure dans les objectifs des homélies l’importance et les moyens d’auto-formation, faire de la publicité pour les moyens existants appropriés, créer des salles d’étude à des moments choisis dans toutes les paroisses avec une présence accompagnante, créer un organe de détection et gestion de crise pour diffuser un argumentaire lorsque parait un livre déstabilisant comme celui cité ci-dessus.

Bref cela conduirait à établir une stratégie de formation pour catholiques que ne peuvent remplacer les soirées de prière et les pèlerinages, aussi importants soient-ils. Quand des clercs disent ne pas avoir de temps à consacrer à ces problèmes, beaucoup de catholiques-engagés estiment que leur formation est une priorité.

Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Chaque autre thème évoqué ci-dessus mérite une démarche similaire.

B – Les deux conditions de la réussite

On voit que leur traitement implique deux conditions sur lesquelles le Pape François a attiré notre attention :

Pour qu’il y ait changement des pratiques, il faut changer les mentalités car un changement des structures qui ne génère pas de nouvelles convictions et attitudes fera que ces mêmes structures, tôt ou tard, deviendront corrompues, pesantes et inefficaces [24].

Ce changement doit associer toutes les composantes du Peuple de Dieu : Il est impossible d’imaginer une conversion de l’agir ecclésial sans la participation active de toutes les composantes du peuple de Dieu. Plus encore, chaque fois que nous avons tenté de supplanter, de faire taire, d’ignorer, de réduire le peuple de Dieu à de petites élites, nous avons construit des communautés, des projets, des choix théologiques, des spiritualités et des structures sans racine, sans mémoire, sans visage, sans corps et, en définitive, sans vie [25].

C’est pourquoi François nous appelle tous : J’invite chacun à être audacieux et créatif dans ce devoir de repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices de leurs propres communautés [26].

Le difficile chemin de la rénovation

       Un chemin plein d’embuches. On trouvera dans le livre « Tous ces Catholiques qui ont déserté l’Église , Comment leur « donner envie » de Revenir ? », une analyse, sans tabou ni langue de buis, dans un esprit d’amour et de vérité, de ce qui relève de chacune des composantes de l’Église : en premier de l’Institution qui édicte les règles, puis des clercs qui les appliquent sur le terrain avec leurs orientations personnelles, et enfin des laïcs qui œuvrent sous leur patronage. Il fait un état des lieux, analyse la cohérence avec la doctrine de l’Église, montre ce qui peut être amélioré et décrit les conditions d’un changement efficace. Nous sommes tellement habitués aux réformes qui bouleversent tout, mais sans apporter de progrès réel !

     Beaucoup aspirent à la rénovation de l’Église mais souffrent de n’avoir qu’une vue partielle. Le livre « Tous ces Catholiques qui ont déserté l’Eglise, Comment leur « Donner Envie » de revenir ? » dont vous n’avez eu qu’un aperçu, leur offre une base de réflexion exhaustive et de très nombreuses pistes pour lesquelles chacun peut jouer un rôle aussi minime soit-il. 

REFERENCES


[1] La plupart des chiffres de cette étude sont tirés des quotidiens suivants : La Croix, Zenit (Le monde vu de Rome) et Aleteia, ainsi que du livre de Guillaume Cuchet que nous citerons plus loin. Dans l’enquête sur les croyances religieuses des 16-29 ans en Europe, publiée par La Croix le 21 mars 2019, la situation diffère selon les pays : en France, 23 % adhèrent au catholicisme, 2% sont protestants, 10% sont musulmans et 64 % sont sans religion. Dans cette génération, il y aurait autant de pratiquants musulmans que catholiques (13 et 15%).

[2] Certes ils sont épaulés par des missionnaires venus d’autres pays, notamment d’Afrique sub-saharienne, mais on en sait les limites dues aux différences linguistiques et culturelles et ce recrutement risque de diminuer car l’attrait de la prêtrise dans ces pays devait beaucoup à l’absence d’autres voies pour s’élever matériellement et intellectuellement.

[3] La Croix, 4 novembre 2019. On en trouvera des extraits au chapitre II.

[4] Celui-ci est totalement négligé par le texte qui régit cette formation, le Ratio fundamentalis institutionalis sacerdotalis (2017).

[5] Voir les travaux du Père Lagrange fondateur de l’École Biblique de Jérusalem à la fin du XIXe siècle et actuellement ceux de la Commission Biblique Pontificale.

[6] L’Enchiridion, œuvre du théologien allemand Heinrich Denziger, réunit des textes officiels de l’Église catholique et des réponses à des questions. Nombre de celles sur la vérité historique des récits bibliques sont dépassées. Celles sur la vie sexuelle des couples ne conçoivent les rapports charnels que pour la procréation. Cet ouvrage sert encore de référence dans les séminaires !

[7] Humanae Vitae fut publiée en juillet 1968 alors que les évêques étaient divisés sur ce sujet et que la commission d’étude nommée par le Pape avait rendu un avis contraire.

[8] Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien, Seuil, 2018.

[9] François, interview du 9 mai 2016, La Croix : le cléricalisme, c’est un péché qui se commet à deux comme le tango.

[10] Expression empruntée à Madeleine Delbrêl.

[11] Evangelii Gaudium 157

[12] Lire à ce sujet la catéchèse de Benoît XVI du 3 décembre 2008.

[13] Jn 17,22.

[14] Lumen Gentium 21-38

[15] Catéchèse du 12 novembre 2014.

[16] Discours au Séminaire pontifical de Sardaigne, 17 février 2018.

[17] François, Lettre au Peuple de Dieu, 20 août 2018.

[18] Evangelii Gaudium 43

[19] Lorsqu’elle fut la première candidate au Barreau de Paris en 1897, ma parente Jeanne Chauvin dût affronter une violente campagne de presse. Aujourd’hui, il y a plus d’avocates que d’avocats !

[20] Evangelii Gaudium 31

[21] Benoît XVI, au Congrès ecclésial du diocèse de Rome, 26 mai 2009 dont le thème était « Appartenance ecclésiale et co-responsabilité pastorale ».

[22] Jérôme Prieur et Gérard Mordillat sont deux journalistes qui ont créé une série télévisé intitulée Corpus Christi (Arte, 2020) après avoir publié plusieurs livres sur le même thème, notamment Jésus après Jésus (Seuil, 2005) qui s’inspire de la célèbre phrase d’Alfred Loisy : Jésus annonçait le Royaume, et c’est l’Église qui est venue.

[23] Le Hadj réunit chaque année plusieurs millions de musulmans et le Kumbh Mela réunit en Inde tous les douze ans vingt millions d’hindous, comme j’ai pu le voir en 2007.

[24] Evangelii Gaudium 189

[25] François, Lettre au Peuple de Dieu, 20 août 2018.

[26] Evangelii Gaudium 33

1 réflexion sur « Rendre l’Eglise + attirante »

  1. Edouard Rousselot 15/10/2021 — 17:18

    Ce livre démontre l’importance qu’il y a à ce que les clercs donnent, au sein de l’Eglise, toutes leurs places aux laïcs et notamment aux femmes ; on peut espérer que le prochain Synode accélère ce processus. L’auteur est d’autant plus crédible que, pendant les sept ans ou j’ai travaillé avec lui dans le cadre du SOH, j’ai constaté qu’il connaissait très bien l’Eglise de l’intérieur, à tous les niveaux.

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